Lucrece

Le e-sport, bientôt une discipline olympique ?

Marie-Josée Ta Lou, Teddy Riner, Simone Biles… Qu’est-ce qu’on est content de retrouver les athlètes pour les Jeux Olympiques d’été ! Malgré l’annulation l’année dernière en raison de la pandémie de Covid-19 et les restrictions imposées cette année toujours à cause de cette foutue pandémie, on est heureux de voir les athlètes performer dans leurs différentes disciplines. Cette année, 206 délégations venues des cinq continents vont se disputer les médailles autour de 50 disciplines. À l’occasion de ces jeux de la XXXIIe olympiade, six nouveaux sports font leur entrée dans le cercle très restreint des sports olympiques. Après l’escalade sportive, le karaté, le skateboard, le surf, le BMX freestyle et le basket-ball à trois, verrons-nous des professionnels du e-sport compétir lors de la prochaine édition des jeux olympiques ? 

Vocabulaire du e-sport

Avant de parler de sport olympique, le e-sport peut-il être même considéré comme un sport ? La question divise profondément. Tenez, on n’arrive même pas à s’entendre sur une seule orthographe. Alors, le e-sport ou eSport ou esport (faites votre choix), encore appelé sport électronique, désigne les compétitions de jeux vidéo pouvant être jouées par deux ou plusieurs personnes. De ce fait tous les jeux vidéo pouvant être multijoueur peuvent être considérés comme jeux e-sport. On en distingue huit grandes catégories que sont 

  • les jeux de combats
  • les jeux de sport
  • les jeux battle royale
  • les jeux de stratégie en temps réel
  • les jeux de type arène de bataille en ligne
  • les jeux de tir à la première personne
  • les jeux de cartes à collectionner
  • Les autres

Plus de 1,5 milliards de personnes qui connaissent désormais l’e-sport dans le monde. Même si vous n’en faites pas partie, les thèmes League of Legends, Fortnite, FIFA, world of Warcraft vous sont peut-être familiers. Véritable phénomène économique, social et culturel, l’e-sport n’est pas seulement une mode éphémère. C’est un marché à milliards (quel que soit la devise dans laquelle vous comptez). Que vous faut-il de plus pour le considérer comme un sport à part entière ? Parce que la foule en délire, les superstars à l’égo surdimensionné, les généreux sponsors, les faramineux droits de diffusion, les tournois internationaux, tout ça fait déjà partie de l’e-sport. Ah oui, vous vous demandez sans doute ce qu’il y a de sportif à combattre des méchants imaginaires assis devant un écran ?

Les arguments qui plaident en faveur du e-sport

C’est clair que les coureurs olympiques et les gamers n’ont pas la même dépense énergétique. On ne voit pas non plus les professionnels du tir à l’arc ou du bridge suer à grosses gouttes et pourtant ces disciplines sont considérées comme des sports. Jouer à un jeu vidéo demande de la concentration et de la précision. Il faut s’entrainer, se préparer aussi bien physiquement que mentalement. De plus en plus on voit émerger des centres de formation, d’entrainement, des coachs, directeurs sportifs et agents de joueurs. Le cliché de l’adolescent asocial qui se réfugie derrière son écran pour échapper à la réalité est dépassé. Certains clubs professionnels tels que le Paris Saint-Germain disposent d’ailleurs d’une section e-sport. La discipline a aussi son mercato. Les meilleurs joueurs s’arrachent à prix d’or même si on est encore loin des sommes mirobolantes du football.

Un sport déjà reconnu par le comité olympique ?

Si des structures tels que US Air Force se positionnent aujourd’hui comme sponsors de compétitions e-sport, c’est parce qu’il y a une opportunité de toucher un public jeune. Le comité olympique aussi l’a bien compris et se garde d’avoir un avis tranché sur la question. On pourrait même dire que le e-sport fait une entrée progressive dans les jeux olympiques. Le directeur sportif du comité international olympique a annoncé que certains e-sports pourraient être médaillables aux JO de 2028. Le programme de Paris 2024 ayant déjà été bouclé. Il précise cependant que seuls les jeux ayant «une réplication complète dans un monde virtuel d’un sport traditionnel » pourront être intégrés au programme olympique. En préambule aux jeux de cet été, une première édition des Olympic Virtual Series s’est déroulée du 13 mai au 23 juin 2021. Il s’agit là d’un premier pas significatif pour la reconnaissance d’une discipline sujette à polémique.

En matière de e-sport, les États-Unis et la Corée du Sud font office de pionniers. Sacrilège pour certains, légitime pour d’autre, la reconnaissance de l’e-sport comme sport olympique ou sport tout simplement est plus que clivant. Cela dit, au vu de l’engouement, des chiffres (ce n’est après tout qu’une question de business), la question mérite d’être posée. Alors verrez-vous d’un bon œil une médaille d’or attribuée au meilleur joueur de world of Warcraft dans quelques années ? Partagez votre avis en commentaire.


Antsiranana ou comment finir l’année en beauté

J’ai rencontré Sophie à Dakar en 2015 au cours de la formation Mondoblog. Depuis, nous sommes devenues amies. En 4 ans, nous avons improvisé des séances de cinéma sur Whatsapp, partagé joies, peines, fous rires et projets. Puis nous avons décidé qu’il était temps de vivifier cette relation à distance. Elle est venue passer quelques jours à Dakar et nous avons convenu de passer noël ensemble, chez elle à Antsiranana, Diégo-Suarez. Il paraît que « là où est le cœur, les pieds n’hésitent pas à aller ». Mais je ne peux pas dire que je n’ai pas hésité en regardant le prix du billet et surtout en sachant qu’il faudra 26 heures de voyage rien que pour arriver à Tana.

Quand il faut y aller…

Dire que j’ai la phobie de l’avion est un euphémisme. Je suis une vraie catastrophe. Il semble que je perds toute rationalité et logique dès l’embarquement. Le fait que je sois une fidèle abonnée de documentaires tels que  » Air crash  » ou encore « I survived » n’arrange guère les choses. Il suffit que l’hôtesse pousse son chariot de pain rassis pour que je m’imagine qu’on perd de l’altitude. Quelqu’un a fait tomber un objet pas mégarde ? Non ce bruit, c’est forcément une des ailes de l’avion qui se détache. De toute façon, je suis maintenant convaincue que si je me retrouve pour de vrai dans un avion qui a un accident, le pilote réussira une manœuvre de génie comme celui qui a amerri sur l’Hudson, sauvera tout le monde pendant que je mourrai d’une crise cardiaque.

Je sais qu’à ce moment précis, vous ne savez pas s’il faut rire ou avoir pitié de moi. Mais imaginez un peu le calvaire de celui qui doit se coltiner ma compagnie pendant ces longues heures. Je repense encore à ce pauvre coréen qui n’a pas eu d’autres choix que de me faire la liste de tous les Boeing 737 après qu’Ethiopian Airlines nous ait souhaité la bienvenue à bord de son Boeing 737-800. Ah ! donc c’est le 737-max seul qui a un problème ? « All is fine » me répétait-il toutes les 5 min. Bref, après avoir pourri la vie à mes compagnons de voyage, je venais d’arriver à Tana. Je devais encore prendre un vol le lendemain pour Diego. Et Sophie n’est assurément pas de ceux qui savent rassurer les peureux irrationnels, bien au contraire.

Des arguments touristiques singuliers

Vous est-il déjà arrivé de faire des recherches sur une destination avant de vous y rendre ? Internet regorge de guides touristiques plus alléchants les uns que les autres. Si vous faites des recherches sur Antsiranana Diégo-Suarez par exemple, on vous vantera la beauté de la mer d’Émeraude, les couchers de soleil époustouflants ou encore les longues plages de sable blanc.

Mais Sophie avait des arguments touristiques pour le moins inattendus. Elle a commencé par m’expliquer que c’était la saison des cyclones et qu’avec les vents forts, les atterrissages à Diego étaient encore plus euphorisants que les montagnes russes. Et puis, comme j’aime bien m’offrir des bains de boue, dès qu’il pleut c’est bain de boue à volonté et surtout c’était gratuit. Ah, je ferais peut-être mieux de venir avec des baskets parce qu’elle ne voit pas comment je ferai avec d’autres chaussures quand les zébus me courront après. Et si bien sûr, je voulais un souvenir unique à ramener, rien de tel qu’une cicatrice laissée par les crocodiles de Diego que nous pourrions rencontrer à un moment ou à un autre. Contre toute attente, je n’étais que plus curieuse, impatiente de voir comment les gens vivent entre deux cyclones entourés de zébus et de crocodiles.

il faut du temps à une vahiny* pour s’habituer à la beauté et l’authenticité des lieux si tant est que ce soit possible

Antsiranana et ses paysages de rêve

En quelques jours, je n’ai pu m’empêcher de tomber amoureuse de cette région du monde. Malgré sa modestie, Antsiranana est richement gâtée par la nature. Heureusement ou malheureusement, elle reste encore préservée par les touristes qui n’y sont pas encore très nombreux. À moins qu’ils n’y viennent à une autre période.

À Ramena, à quelques kilomètres de Diego, il faut du temps à une vahiny* pour s’habituer à la beauté et l’authenticité des lieux si tant est que ce soit possible. Entre mer et montagnes, Antsiranana offre un spectacle grandiose au quotidien. Je me rappelle encore de cette visite chez une amie de Sophie dont la maison donnait sur la baie de Diego et son pain de sucre. En minable touriste, j’ai dégainé mon téléphone bon marché pour prendre les photos mal cadrées dont j’ai le secret. Elle m’a regardé d’un air désabusé en disant « comme on voit ça tous les jours, on ne comprend pas pourquoi les gens prennent des photos ». Je suis repassée devant le pain de sucre à d’autres reprises, mais j’ai toujours autant été éblouie que la première fois.

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Une famille pour Noël

J’ai été reçue au sein de la famille de Sophie comme si j’en avais toujours fait partie. À aucun moment, je ne me suis sentie étrangère. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas passé de fêtes de fin d’années en famille que j’avais oublié comment cela pouvait être agréable. Mes moments préférés ont sans doute été ceux passés autour de la table à manger. Tout d’abord parce que je suis gourmande et que je découvrais en plus de nouveaux plats, mais surtout à cause de cette ambiance unique qu’on retrouve quand on est en famille. Même quand je ne comprenais pas ce qui se disait, je me délectais de ces éclats de rire et de ces moments de pur bonheur. Je suis repartie le cœur serré ne sachant que faire pour dire merci tellement j’ai été comblée. Mais j’ai dit que je reviendrai et ce n’était pas une parole en l’air.

Et les mondoblogueurs !

À la fin de mon séjour, après avoir subi deux décollages et atterrissages pour revenir à Tana, avant d’entamer le voyage de retour (28 heures cette fois-ci), j’ai rencontré les mondoblogueurs de Tana. Comme d’habitude, j’ai envie de dire, ils ont été géniaux. Alors que je me perdais dans les rues de la capitale malgache, Andry est venu me chercher. Rija a fait un long chemin pour qu’on puisse se voir. Et Lalah, qui a tout organisé a pris soin de me déposer à mon hôtel et a rempli ma valise de délicieux litchis. Comme dit la chanson, « si ça n’est pas vraiment l’amour, ça y ressemble tant que c’est peut-être mieux « .

Faty m’a appris que « quand tu voyages, prends deux sacs, l’un pour donner, l’autre pour recevoir « . Pendant ce séjour inoubliable, j’ai reçu beaucoup plus que je n’ai donné. Je suis repartie avec quelques kilos en trop, le cœur rempli de fabuleux souvenirs et il faut le dire, le portefeuille plus léger de quelques millions de bolivars vénézuéliens. Avant de repartir à l’aéroport pour « subir » ce voyage retour, j’ai eu la chance de parcourir Tana à moto avec Oméga. Je ne saurai dire ce qui m’a fait le plus du bien entre ce tour à moto et l’excellent zébu que nous avons dégusté juste après, à moins que ce ne soit le mélange des deux. Une chose est sure, fait extrêmement rare, j’ai réussi à m’endormir pendant le vol retour jusqu’à ce que j’entende « nous traversons une zone de turbulence au-dessus de Zanzibar… »

*Vahiny = étrangère en malagasy


Il n’y a pas de cuisine africaine

Il y a quelques années, j’ai été amenée à réfléchir à la question « pourquoi la cuisine africaine peine à s’exporter ? ». Je suis récemment tombée sur ce que j’avais dit sur le sujet à l’époque et je me rends compte que comme beaucoup, je suis tombée dans un cliché courant à savoir qu’il y a une cuisine africaine.


À partir de ce moment, tout ce que j’ai pu penser est tout simplement faux. Dire qu’il y a une cuisine africaine s’apparente quelque peu à dire qu’il y a une langue africaine. Comme quoi les clichés sur l’Afrique, c’est plus souvent une question d’ignorance que de racisme. Maintenant que je m’intéresse davantage au sujet, je me rends compte qu’il n’y a tout simplement pas de cuisine africaine.

Le terme « cuisine africaine » est correct, mais…

On parle bien de cuisine asiatique ou de cuisine européenne me diriez-vous. Alors, pourquoi ne pas parler de cuisine africaine ? Le terme en lui même n’est pas incorrect, mais attention à l’amalgame. Autant on parle de cuisine asiatique, autant on fait le distinguo entre la cuisine japonaise et la cuisine chinoise par exemple. On emploie peut-être le terme cuisine européenne, mais on fait une différence nette entre la cuisine italienne et la cuisine française. En revanche, la cuisine africaine est souvent considérée comme un tout. Dans ce sens, c’est facile de préjuger en pensant : « la cuisine africaine est trop grasse, peu variée… »

Il y a dans les cuisines africaines une diversité de produits Crédit photo: Lucrèce Gandigbe

Demandez à un Béninois de manger du riz avec du gombo, une spécialité sénégalaise, ou à un malgache de manger des chenilles, une spécialité sahélienne, et vous comprendrez très vite que « la cuisine africaine » n’existe pas. Il y a une diversité de produits et surtout une multitude de méthodes de transformation qui font qu’à mon avis, on ne peut pas faire de la cuisine africaine une généralité. Et cela, il faut que les Africains eux-mêmes le comprennent avant de pouvoir être ambassadeurs de leur patrimoine culinaire.

Remplacer des framboises par du tamarin ne suffira pas

La cuisine africaine est un sujet relativement tendance comme on peut le constater avec de plus en plus de blogueurs et de chefs qui s’emploient à lui donner de la visibilité. Beaucoup font le pari de revisiter les plats africains. Les résultats sont pour la plupart très intéressants.

L’idée est de faire découvrir et apprécier nos produits et nos mets au reste du monde. Je me suis moi-même prêtée à l’exercice, mais après réflexion, je me pose la question. Est-ce la bonne manière de procéder ? Plutôt que d’installer nos produits dans le confort des techniques culinaires d’ailleurs, ne devrait-on pas trouver un moyen de faire sortir les autres de leur zone de confort ? Les Français sont connus pour prendre un seul repas avec cuillères et fourchettes de différentes tailles (oui je sais, c’est cliché), mais ils se sont quand même habitués à manger un hamburger. Alors pourquoi faire un sorbet bissap pour faire découvrir le bissap à un italien ? Revisiter les cuisines africaines est sans doute une très bonne idée. C’est la preuve que ce n’est pas figé et que la nouvelle génération de cuisiniers africains ne manque pas de créativité. Mais pour se défaire des préjugés et exporter la chose, à mon avis, il faut aller plus loin. Remplacer un coulis de framboises par un coulis de tamarin pour accompagner nos desserts ne suffira pas.

Cuisine africaine
Poulet DG (Cameroun) revisité Crédit Photo: Lucrèce Gandigbe

Pour que la cuisine africaine s’exporte, il faut d’abord qu’elle s’exporte… en Afrique

Je n’ai définitivement pas une réponse claire et nette à la question « pourquoi la cuisine africaine peine à s’exporter ? ». Mais partant du principe qu’il y a des cuisines africaines, mon avis est qu’on a tout intérêt à les explorer. Il serait utile de mener le combat à échelle continentale. Avant même de donner de la visibilité aux spécialités africaines dans les autres régions du monde, il faudrait que les Africains les découvrent eux-mêmes. Pensez-vous qu’un restaurant éthiopien aurait du succès au Bénin ? Qu’un marocain pourrait délaisser son tajine pour apprécier un bon ndolé camerounais ? À mon avis, le vrai chantier se situe à ce niveau. Susciter l’intérêt et l’envie des Africains pour des plats africains autres que ceux qu’ils ont l’habitude de manger. Et il semble bien que ce ne soit pas demain la veille.
Si après ce monologue, vous n’êtes toujours pas convaincu qu’il n’y a pas de cuisine africaine, voici quelques images qui devraient vous faire changer d’avis.

Sauce feuilles (Bénin) Crédit photo: Lucrèce Gandigbe
Tiebou Dieune (Sénégal) Crédit photo: Roger Lasmothey https://mawulolo.mondoblog.org/
Attieke Aloco (Côte d’Ivoire) Crédit photo: Sonia Guiza https://lagozi.mondoblog.org/
Chitoumou (Mali) Crédit photo Georges Attino https://attino.mondoblog.org/
Koki (Cameroun) Crédit photo: Alexandra Tchuileu https://atchuileu.mondoblog.org/
Touwon massara da miyar yodo_(Niger) Crédit photo: Ousmane Mamoudou https://lesmotsdupeuple.mondoblog.org/
Amiwo (Bénin) Crédit photo: Prisca Kumako https://priscakumako.mondoblog.org/
Tajine (Maroc) CC the foodhoe Flickr
Injera (Ethiopie) CC Brownpau Flickr
Egusi (Nigeria) CC Kake . Flickr

La liste est loin d’être représentative…


30 faits plus ou moins marquants de l’histoire du web (1ère partie)

1. Le World Wide Web, un concept « vague mais prometteur » de Tim Berners-Lee

Nous sommes en 1989. Un informaticien de l’organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) rédige un projet intitulé « Information Management : A proposal ». Son objectif ? Faciliter les échanges au sein de la communauté de scientifiques du CERN répartis dans 80 pays du monde. L’idée est de tisser une toile où chacun pourrait naviguer facilement d’un contenu à un autre. Tim Berners-Lee venait de poser ainsi les bases d’un concept révolutionnaire. 30 ans plus tard, on a bien du mal à imaginer un monde sans le web, un projet que le supérieur de l’informaticien qualifiait alors de « vague, mais prometteur ».

2. Le web, ce n’est pas internet

Le web est tellement populaire que beaucoup l’assimilent à internet tout entier. Et pourtant, il y a une nette différence. Tout d’abord, internet existait avant le web. Ce dernier n’est en fait qu’un service d’internet tout comme la messagerie électronique ou encore l’échange de fichiers. Autrement dit, internet c’est l’infrastructure globale qui permet d’échanger des données entre ordinateurs. Le web, c’est un service qui permet de parcourir différentes pages à l’aide d’un navigateur. C’est sans doute le service d’internet le plus populaire auprès du grand public, mais le web n’en demeure pas moins une partie d’internet.

3. info.cern.ch était l’adresse du premier site web

Le premier site a été hébergé sur l’ordinateur NeXt de Tim Berner-Lee au CERN. Il était essentiellement dédié au projet World Wide Web. info.cern.ch. est désormais consultable en ligne. Et comme vous pourrez le constater en y faisant un tour, l’expérience utilisateur n’était pas la préoccupation majeure à l’époque.

4. Le web s’ouvre au monde entier en 1993

Après une bonne avancée sur le projet, le CERN décide de partager avec le reste du monde la géniale invention de Tim Berners-Lee. Le 30 avril 1993, le www tombe dans le domaine public. Pour naviguer alors, on utilisait Mosaic. L’engouement des utilisateurs est immédiat. On passe de 500 à 10 000 serveurs web en une année. La toile commençait à se tisser.

5. Netscape est le premier navigateur grand public

Le premier navigateur web s’intitulait simplement WorldWideWeb. Mosaic lui a succédé et s’est distingué comme le premier navigateur à afficher des images. Il a énormément contribué à l’adoption du web par les utilisateurs d’internet. Mais Netscape l’a facilement relégué aux oubliettes en devenant le premier navigateur commercialisé à grande échelle. Vous ne vous en souvenez peut-être pas, mais en 1994 on ne jurait que par Netscape.

CC Wikimedia Commons

6. Internet Explorer aussi a eu son heure de gloire

Le navigateur de Microsoft vous semble peut-être désuet, mais dans les années 90, il était au centre de ce qu’on a surnommé la guerre des navigateurs. Les versions de Netscape et d’Explorer intégrant de nouvelles fonctionnalités se succédèrent à une vitesse folle. Au final, les navigateurs proposés aux utilisateurs étaient de piètre qualité, sujets à des plantages fréquents et diverses failles de sécurité. Mais avec le succès du système d’exploitation Windows, Internet Explorer prend facilement le pas sur Netscape. Plus de deux décennies plus tard, Windows est toujours un système d’exploitation à succès et la génération Z peine à se rappeler l’existence d’Explorer.

7. Yahoo s’appelait Jerry and David’s guide to the World Wide Web

En 1994, le web connait un succès fulgurant. Les utilisateurs ont du mal à se retrouver dans cette multitude de sites. Jerry Yang et David Filo, deux étudiants de Stanford, décident alors de créer un annuaire de sites classés par thématique. Yahoo est né. Pendant de nombreuses années, c’était le premier portail du web. La première fois que je me suis connectée à internet, c’était sur Yahoo. J’ai ouvert une boite mail et j’ai choisi comme mot de passe « berlingot ». Oui, on a tous fait des choses dont on n’est pas fier.

8. Yahoo, eBay, Hotmail et Amazon ont tous été créés en 1995

C’est assez intéressant d’étudier l’évolution de ces compagnies qui ont en quelque sorte écrit l’histoire du web. Tous ces grands noms du web ont démarré à la même époque et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ont connu des parcours différents. Les succès inspirent sans doute, mais on apprend davantage des échecs.

9. Le premier achat en ligne : pizza, marijuana ou CD ?

Si l’on considère que le e-commerce signifie que toute la transaction, paiement y compris se fait en ligne, on peut déjà rayer la marijuana de la liste. La légende voudrait que des étudiants aient réalisé le premier achat en ligne en achetant de la marijuana via l’ARPAnet dans les années 70. Mais il s’avère qu’ils ont seulement échangé à propos de la marchandise. En revanche, le 11 août 1994, Dan Kohn a vendu pour la première fois un article sur internet. Il s’agissait d’un CD de Sting. Un peu plus tard dans la même année, la compagnie Pizza Hut a commencé à vendre ses pizzas en ligne. La première commande aurait été une pizza au pepperoni.

10. Avant Google, il y avait Altavista

Qu’on aime ou qu’on désapprouve, on est pratiquement obligé de se plier aux règles du moteur de recherche de Google pour exister sur la toile. Mais bien avant sa parution en 1998, les internautes ne juraient que par Altavista. Qu’est-ce qui a fait la différence ? L’algorithme de recherche de Google était mieux élaboré.

11. Wikipédia est née de l’échec de Nupedia

Wikipédia était initialement pensé comme un projet d’encyclopédie gratuite élaborée par des experts dont les articles devraient subir un contrôle strict avant publication. C’était le projet Nupedia. Avec un tel système de validation, il n’y avait pas assez d’articles pour créer une encyclopédie ! Les initiateurs du projet eurent la géniale idée de faire contribuer les internautes en utilisant une technologie peu connue à l’époque, le wiki. Aujourd’hui, des millions d’internautes consultent Wikipédia chaque jour.

12. Netflix était à l’origine un service de location et d’achat de DVD

Il y a des sites qui ont véritablement écrit l’histoire du web. netflix.com est l’un d’eux. En 1998, alors qu’on effleure à peine les nombreuses possibilités du World Wide Web, Netflix se propose comme le premier site de location et d’achats de DVD. Deux décennies plus tard, la plateforme a révolutionné la consommation de films et de séries TV.

13. Facebook a rejoint la partie en 2004 près de 10 ans après Amazon

Ce n’est qu’en février 2004 que Zuck se joint à la fête en mettant en ligne son réseau social révolutionnaire. La suite, vous la connaissez. Si Facebook était un pays, il serait le plus peuplé et le plus puissant du monde. Tim Berners-Lee ne manque d’ailleurs pas d’exprimer sa désapprobation quant à la création de Mark Zukerberg. Pour l’inventeur du web, Facebook est tout simplement un « web dans le web » qui aura, si ce n’est déjà le cas, des conséquences néfastes.

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Si Facebook était un pays, il serait le plus peuplé et le plus puissant du monde CCO : Geralt via Pixabay

14. Avant MySpace et Facebook, il y avait Friendster

Malgré son succès fulgurant, Facebook n’est pas le pionnier en matière de réseau social. On lui attribue souvent la chute de MySpace qui était un concurrent de taille en 2004. Mais dans la chronologie des faits, il y a eu Friendster en 2002, MySpace en 2003 et l’ouragan Facebook en 2004 qui a tout balayé sur son chemin. À noter que le concept de réseautage social date de 1995.

15. Le World Wide Web a été créé le 12 mars 1989

Ok j’avoue, sur ce point, je ne vous apprends pas grand-chose. En réalité il est 2 h 32 et ma tasse de thé est vide. Alors voilà ce qu’on va faire. Complétez ce top en commentaires et allez découvrir 15 autres faits intéressants sur le blog de Sophie.


Les cookies, des biscuits peu digestes

Avez-vous remarqué ces agaçantes bannières que l’on retrouve sur la plupart des sites de nos jours ? « Nous utilisons les cookies  afin d’améliorer l’expérience de nos utilisateurs… » La formule se décline sous différents modèles mais le message est le même. Si tu ne l’acceptes pas, dans la majorité des cas, tu ne peux pas accéder à notre contenu. Ou alors on laisse la bannière bien en évidence pour que ce soit la seule chose dont tu te souviennes après ton passage. Alors on s’empresse de cliquer sur « j’accepte » pour continuer à naviguer. Mais à quoi disons-nous oui chaque fois que nous acceptons gentiment ces cookies ? Avec cette délicieuse appellation, rien de bien méchant me diriez-vous. N’en soyez pas si sûr !

La recette originelle des cookies était pourtant excellente

Vous savez comme c’est agréable d’aller prendre le thé chez un ami et de se rendre compte qu’il a mémorisé vos préférences, un peu de menthe, un peu de citron et du miel… Eh bien les cookies informatiques c’est presque pareil. Conçu en 1994, le cookie informatique a pour but de rendre la navigation sur un site web la plus agréable possible. Pour ce faire, un petit fichier contenant des données de l’utilisateur est stocké sur son terminal. C’est ce que l’on appelle aussi un témoin de connexion et son objectif premier est de faciliter l’expérience utilisateur.

Vu comme ça, les cookies on les accepte et on en redemande. Mais vous le savez, toutes les bonnes inventions ne sont pas utilisées à bon escient. Alfred Nobel par exemple a initialement conçu la dynamite pour faciliter le travail des mineurs (c’est sa version) mais très vite on a vu que cette invention était nettement plus utile dans l’industrie de l’armement. Pour en revenir aux cookies, on a également très vite trouvé le moyen de rendre indigestes les délicieux cookies facilitateurs de navigation sur internet.

Plusieurs types de cookies mais pas forcément au choix

De la même manière qu’il existe plusieurs recettes de cookies, il existe différentes sortes de cookies informatiques destinés chacun à un usage précis. On distingue notamment les cookies de gestion de sessions, de performances et de personnalisation. Ce sont généralement des cookies  nécessaires pour accéder au contenu d’un site et à ses fonctionnalités. Et puis il y a les cookies de ciblage et les cookies tierce partie. La première catégorie permet entre autres de pister l’utilisateur en récoltant ses habitudes de navigation afin de lui proposer du contenu ciblé. Si on veut voir le verre à moitié plein, on dira que tant qu’à faire autant recevoir des suggestions intempestives sur des sujets qui nous intéressent vraiment.

En ce qui concerne les cookies tierce partie, comme le nom l’indique, ils proviennent de tiers. Ce sont les plus répandus et ils proviennent des images et objets venant d’une autre page. L’exemple le plus évident est celui du bouton j’aime de Facebook. En ouvrant une page web qui contient ce bouton par exemple, un cookie peut être activé permettant à Facebook d’avoir accès à des informations vous concernant. C’est l’exemple le plus remarquable mais les objets susceptibles de contenir des cookies tierce partie sont de plus en plus nombreux. Et ce n’est pas le plus alarmant.

En effet, un cookie est conçu pour avoir une durée de vie définie par le concepteur du site. Et si certains d’entre eux sont prévus pour expirer en fin de session, lorsque vous fermez le navigateur, d’autres en revanche peuvent aller jusqu’à 7 000 ans. Ce sont les fameux cookies permanents très critiqués par les experts en sécurité de données. L’exposition de vos données personnelles à votre insu dans ce contexte peut entraîner spam, pop-up, partage de données privées… Et il ne s’agit là que des conséquences les moins graves.
En cliquant sur le fameux bouton « j’accepte », (lorsqu’on vous le permet) il est donc possible que vous ayez accepté à la fois les cookies utiles et indiscrets. Mais alors comment séparer le bon grain de l’ivraie ?

Faire une consommation « saine » des cookies

Il existe plusieurs solutions pour utiliser les cookies sur internet sans partager plus que de raison. À vous de choisir en fonction de vos habitudes de navigation et de votre intérêt à préserver vos données personnelles.
Vous pouvez déjà apprendre à supprimer les cookies. La méthode varie d’un navigateur à un autre. Et si la méthode manuelle vous parait trop compliquée, vous pouvez installer un outil qui vous permet de les supprimer en quelques clics. Il vous appartient de définir la nécessité et la fréquence de suppression.

Une autre option consiste à ajuster les paramètres de votre navigateur de sorte à ne plus permettre le stockage de cookies de pistage et cookies permanents. Mais cela dépend du navigateur utilisé. Firefox et Google Chrome le proposent dans le menu Paramètres de confidentialités.

Lorsque vous naviguez sur un site qui vous propose d’ « accepter » les cookies ou de les « personnaliser », acceptez de sacrifier quelques secondes pour ne sélectionner que les cookies nécessaires et faire le choix ou non d’activer les autres. De ce fait méfiez-vous des sites qui ne sont pas assez transparents sur le sujet.

Comment autoriser ou bloquer les cookies d’un site? Capture d’écran de https://support.google.com/ le 04/02/2019

Peut-on se passer de cookies ?

L’un des avantages à utiliser la navigation privée est qu’aucun cookie ne sera enregistré pendant votre session. Voilà pourquoi il est recommandé d’ouvrir une session privée lorsque vous utilisez un ordinateur qui ne vous appartient pas. L’astuce est valable aussi lorsque vous visitez Seneporno. Mais pour autant peut-on choisir de se passer définitivement des cookies ? La réponse est oui puisqu’on croit vivre dans un monde libre et avoir toujours le choix. En revanche, ce choix limite le nombre de sites que vous pouvez visiter. Cependant, en raison de leur mauvaise réputation grandissante, de plus en plus de concepteurs de sites web proposent des solutions alternatives. Alors, ne vous en faites pas si vous n’aimez pas les cookies internet. De nouveaux moyens moins remarquables et plus intrusifs seront peut-être bientôt mis à votre disposition.

Alors cookie ou pas cookie?

Bon alors, résumons. Les cookies informatiques ne sont pas des virus. Ils ne sont pas capables de lire des informations contenus sur votre machine. Il est vrai que la manière dont ils sont enregistrés peut paraître quelque peu intrusive. Mais l’objectif premier était de faciliter l’expérience utilisateur. Si cet usage premier a été détourné et qu’ils représentent désormais un risque d’atteinte à la vie privée, il nous appartient de prendre les mesures nécessaires pour nous protéger du mieux possible. Si cet article vous a plu, ne me le dites pas en commentaires. Faites-moi parvenir des cookies. J’ai une préférence pour ceux aux pépites de chocolat. 


Facebook serait-il la « nation » la plus puissante au monde ?

Depuis les troublantes révélations du Guardian et du New York Times, il y a quelques jours, le réseau social Facebook fait face à l’une des plus grandes crises de son histoire. Entre la tempête médiatique, les chutes de l’action en bourse, la fuite des annonceurs et les nombreux appels à #deletefacebook, les dirigeants du réseau aux milliards d’utilisateurs doivent bien se demander par où commencer pour regagner la confiance des internautes.

Mais le plus surprenant dans toute cette affaire, ce ne sont finalement pas les faits qui sont reprochés à Facebook. C’est plutôt l’incrédulité et la naïveté de ses utilisateurs. Comment et pourquoi n’avons-nous pas mesuré la puissance que nous octroyons chaque jour à Facebook et aux réseaux sociaux de façon générale ?

Facebook est devenu quasiment incontournable

En termes de démographie, Facebook dépasse largement tous les réseaux sociaux avec ses deux milliards d’utilisateurs. D’un point de vue économique, cette nation virtuelle peut se permettre de perdre des sommes astronomiques sans être en situation de crise. Dans un contexte où les données sont l’or noir de notre siècle, Facebook est presque aussi puissant qu’un pays qui possède l’arme nucléaire. Et avec l’affaire Cambridge analytica, on comprend maintenant qu’il a également le pouvoir d’ébranler les plus vieilles démocraties. Mais ce qui fait vraiment la force du réseau social c’est sa capacité à nous faire croire que tout est fait dans l’intérêt de l’utilisateur. Il n’y aurait en effet jamais de révolution si les peuples étaient convaincus du bien-fondé des actions des dictateurs. C’est le cas de le dire, Facebook est bel et bien une dictature. Car soumis à aucune règle, le géant du net crée sa propre législation et dispose d’un nombre d’utilisateurs suffisamment élevé pour l’imposer. Et le comble, c’est qu’en plus de cela, il a l’intelligence de le faire passer comme quelque chose qu’on a toujours voulu et attendu ! « Mieux vous connaitre pour mieux vous satisfaire. » De nombreuses personnes physiques et morales dépendent aujourd’hui de Facebook et il serait utopique de croire qu’un simple hashtag suffira pour assister au déclin de réseau social.

#Deletefacebook, la solution ?

Brian Acton, le cofondateur de Whatsapp peut se permettre de #deletefacebook. Il n’aura plus jamais besoin de rien vendre après avoir vendu Whatsapp. Elon Musk peut se permettre de supprimer les pages Facebook de ses entreprises. Sur certains de ses projets, il est un concurrent direct de Facebook. Je peux me permettre de #deletefacebook. Professionnellement, je n’en dépends pas. Mais comment expliquer à la commerçante qui n’a pas les ressources pour mettre en place un site e-commerce et qui vend facilement ses produits sur Facebook que supprimer son compte est la meilleure chose à faire ? Comment convaincre l’organisateur d’événements qui arrive à mieux gérer son activité grâce à Facebook de quitter le réseau social ? Comment expliquer au blogueur-activiste-influenceur qu’il est temps de quitter Facebook? Des exemples de ce genre, il y en a des milliers. La triste réalité, c’est qu’il y a désormais une relation de co-dépendance qui empêche un grand nombre d’utilisateurs de simplement quitter le réseau social. Supprimer son compte Facebook est un luxe que beaucoup ne peuvent pas s’offrir.
Cela semble en effet être la solution après le scandale Cambridge analytica…Mais avant de suivre l’effet de mode, intéressons-nous à ses répercussions. On recommence à échanger des lettres et des cartes postales ou supprime-t-on Facebook pour se rabattre sur Instagram ? On fait une croix sur Messenger pour préférer Whatsapp ? Le « facebookgate » va-t-il permettre la résurrection de MySpace ou enfin l’essor de Google plus ? La vérité c’est qu’en quittant un réseau social pour un autre, le problème reste entier. De toute façon, on le sait, « si c’est gratuit, vous êtes le produit ».

Cambridge analytica, un scandale de plus

L’affaire Cambridge analytica n’est malheureusement pas la première du genre même si elle fait le plus de vagues. Facebook, Twitter, Google et de nombreux autres sont fréquemment sujets à des critiques et controverses sur des sujets allant du respect de la vie privée à la manipulation des sujets d’actualité en passant par la surveillance de masse, les failles techniques pour ne citer que cela.

Et pourtant, nous continuons à partager un peu plus nos vies, nos émotions et tout ce qu’il est possible de partager sur ces plateformes. Nous avons fait de Facebook la super puissance qu’elle est aujourd’hui. Et si l’heure de la révolution a sonné, il nous faut agir intelligemment pour anéantir le monstre que nous avons créé.

Les excuses et les justifications après chaque scandale, il y en aura toujours et il y en aura toujours de très bonnes. Assez bonnes pour nous convaincre de continuer à utiliser ces compagnies et donc à les enrichir. Le pouvoir et la portée de Facebook dépassent Zuckerberg et ses collaborateurs. Avec le champ de possibilités qu’offre l’outil, quand bien même ils auraient les meilleures intentions du monde, il subsistera des moyens de le détourner à des fins crapuleuses. Quelle option nous reste-t-il alors ?

Abordons le monde virtuel avec moins de naïveté

Plutôt que de quitter Facebook, de ressusciter MySpace ou de se rabattre sur les autres existants, il serait plus pertinent de repenser notre rapport aux outils numériques qui, de gré ou de force, font désormais partie de nos habitudes. C’est facile de fustiger Zuck et ses acolytes, mais n’oubliez pas que c’est vous-même qui exposez vos données et parfois ceux de vos contacts en voulant savoir par exemple « Quels amis trouvera-t-on dans votre panier de Pâques ». Tant qu’on continuera à utiliser aussi naïvement internet et ses accessoires, aucune loi sur la protection des données personnelles ne pourra nous protéger de nous-mêmes. Quel est l’intérêt pour vous de renseigner votre numéro de téléphone sur un réseau social ? Combien d’applications sont associées à vos comptes sur les réseaux sociaux? Arrêtons de croire que « ce n’est pas bien grave ». Changeons nos habitudes en ligne et les « super nations » virtuelles auront moins de marge de manœuvre. En revanche, si vous êtes trop désabusé et que vous décidez de finir vos jours dans un monastère au Tibet, loin de tout et de tout le monde, pensez à me laisser votre nouvelle adresse en commentaires. Je vous ferai parvenir les nouvelles de mon blog !


Intelligence artificielle : les robots s’incrustent

Le salon de l’automobile bat son plein à Genève et cette 88e édition met un accent particulier sur les voitures intelligentes. Comme vous pouvez le constater, l’intelligence artificielle a le vent en poupe. Source d’opportunités pour certains, trop dangereuse pour d’autres, le moins qu’on puisse dire, c’est que le sujet divise. Mais tout le monde s’accorde sur le fait que l’intelligence artificielle affectera tous les domaines d’activité. Du désormais familier chatbot au puissant drone en passant par le robot journaliste, le robot militaire, l’assistant médical robotisé… les robots sont presque partout. Et, bon gré, mal gré, il faut leur faire de la place.

Une intelligence artificielle est « parfaite »

Le concept d’intelligence artificielle n’est pas vraiment nouveau, mais c’est au XXIe siècle que c’est vraiment devenu un sujet d’actualité. On pourrait le définir comme l’« ensemble des théories et des techniques développant des programmes informatiques complexes capables de simuler certains traits de l’intelligence humaine ». A partir de cette définition, on peut mesurer l’étendue des possibilités. On comprend également comment et pourquoi on en viendrait à préférer une intelligence artificielle à un humain. Plus rapides, plus performants, les robots ne peuvent ressentir ni la fatigue ni la faim encore moins la maladie. Pas besoin d’une assurance multirisques pour les faire travailler. Vous ne risquez aucune poursuite judiciaire s’ils ont un accident de travail. Vus comme ça, les robots représentent un avantage économique de taille pour n’importe quelle entreprise. Imaginez par exemple qu’Uber n’utilise que des voitures autonomes. Cela supprime tout de suite de l’équation les chauffeurs et leurs revendications. Cela dit, cet exemple met en évidence la principale inquiétude que suscite l’intelligence artificielle et son champ infini de possibilités : que ferons-nous quand les machines sauront tout mieux faire que nous ?

Repenser les métiers de demain

De nombreuses études attirent l’attention sur la nécessité, à l’ère du numérique, de repenser les métiers de demain. Selon le département d’État américain du travail, « 65 % des écoliers d’aujourd’hui pratiqueront, une fois diplômés, des métiers qui n’ont même pas encore été inventés ». Cette affirmation est pleine de promesses, mais surtout, elle met en évidence la nécessité de réformer l’éducation et la formation. Car si l’on a tôt fait de penser que les robots mettront un grand nombre de personnes au chômage, n’oublions pas que l’intelligence artificielle va également créer des métiers. Ce qui veut dire que le monde du travail va sans doute être bouleversé par cette nouvelle tendance, mais il ne disparaîtra pas pour autant. Il va falloir des gens pour concevoir ces robots. Il va falloir des humains pour les superviser, les réparer quand ils seront endommagés… En réalité, les machines de façon générale et les robots en particulier ont énormément besoin d’attention humaine. De ce fait, la réelle inquiétude au sujet de l’intelligence artificielle concerne l’éthique.

L’intelligence artificielle menace-t-elle l’humanité ?

Si vous avez déjà regardé, un épisode de l’excellente série Black mirror, vous vous êtes peut-être déjà posé la question. Car bien que relevant de la fiction, les faits qui y sont mis en scène sont loin d’être irréalistes. On a vu l’usage malsain qui peut être fait de la technologie, notamment avec la cybercriminalité, sur internet. Dans le cas de l’intelligence artificielle, les inquiétudes se focalisent à juste titre sur son application dans le domaine militaire, mais pas seulement. De nombreux scientifiques et célébrités du domaine dont Stephen Hawking, Bill Gates ou encore Elon Musk attirent l’attention sur la nécessité de mettre en place un système de régulation pour parer aux dérives que pourrait engendrer l’intelligence artificielle. Aussi, avant de se réjouir de pouvoir déléguer toutes les tâches contraignantes, risquées ou répétitives à des robots, il nous faut nous assurer que les questions de transparence, de dignité humaine, de respect de la vie privée ont été soigneusement étudiées.

Et l’Afrique dans tout ça ?

Sans vouloir tomber dans une dangereuse généralisation, on peut dire que l’intelligence artificielle n’est pas encore réellement une préoccupation africaine. Et pourtant nous en faisons usage au quotidien. Oui, c’est vrai qu’il n’y a pas dans nos maisons des robots qui passent l’aspirateur, mais n’oublions pas que nous aimons bien Siri, Cortana et les autres assistants vocaux qui se font toujours un plaisir de répondre à nos questions. Nous ne nous en rendons peut-être pas compte, mais l’intelligence artificielle fait déjà partie de notre quotidien. Ce qu’il nous faut, c’est concevoir les outils dont nous avons besoin. Il faut pouvoir utiliser la technologie pour résoudre des problèmes spécifiques à son environnement. On n’a peut-être pas encore besoin de voitures intelligentes, mais les problèmes que pourrait résoudre l’intelligence artificielle sur le continent sont légion. Alors, n’attendons pas la super-vache de Bill Gates pour lutter contre la famine en Afrique. Nous avons assez de ressources pour mieux faire.


Messagerie instantanée : nos discussions en ligne sont-elles sécurisées ?

A quand remonte le dernier SMS que vous avez reçu ou même envoyé ? Je ne vous parle pas des offres promotionnelles de votre opérateur, mais d’un message échangé avec un de vos contacts. Il faut le reconnaître, le SMS a laissé place à des applications qui offrent davantage d’options. Plus de limites de caractères, possibilité d’envoyer des images, des audio, des vidéos… pour toutes ces raisons et bien plus encore, les applications de messagerie instantanée attirent un grand nombre d’utilisateurs. Tout au long de la journée, vous oscillez entre Whatsapp, Messenger, Telegram, Instagram, Twitter, Wire, Line et Snapchat. Le soir, pas question de rater votre moment coquin sur Skype ou Facetime. Bravo, vous êtes con-nec-té mais pas forcément en sécurité ! Et il est peut-être temps de faire de la sécurité une priorité.

De qui se méfie-t-on ?

Vous n’êtes pas un homme politique influent ou une espionne russe, alors vous ne voyez peut-être pas l’intérêt d’être très prudent dans vos échanges en ligne. Vous discutez « juste entre amis », diriez-vous. Mais ce n’est plus aussi simple. Plus personne n’est à l’abri d’un piratage malveillant ou d’une exposition de conversations échangées dans un cadre privé. Cela peut venir du (de la) petit(e) ami(e) jaloux(se), du policier avec une ordonnance judiciaire pour raison de « sécurité nationale », d’une personne malveillante avec de très bonnes connaissances informatiques, ou encore de la NSA (que vos kpakpato entre copines n’intéressent pas pour le moment)… La vraie question n’est plus de se demander si on pourrait être victime de piratage un jour mais plutôt quand est-ce que cela va arriver. Et comme par principe on a tous quelque chose à cacher, il vaut mieux s’assurer qu’on a pris toutes les précautions possibles pour sécuriser ses conversations, même les plus anodines.

Le choix de son téléphone portable compte

Pour choisir son smartphone plusieurs critères entrent en jeu notamment celui du système d’exploitation intégré. Android est sans doute le plus populaire mais pas forcément le plus sécurisé. La plupart du temps, le système d’exploitation de Google est « remodelé » de façon à le rendre plus ergonomique pour les appareils du constructeur qui l’intègre. Ce tripatouillage n’est pas toujours sans conséquences sur le facteur sécurité. Mais ne crachons pas dans la soupe. La grande majorité des téléphones accessibles à toutes les bourses fonctionnent sous Android.

Pour choisir son smartphone plusieurs critères entrent en jeu notamment celui du système d’exploitation CC: Carlos Varela via Flickr

Apple de son côté propose par défaut iMessage et Facetime sur un système d’exploitation bien chiffré. Faites tout de même attention aux sauvegardes sur iCloud. Gardez à l’esprit que ces données sont stockées sur les serveurs d’Apple (NSA , NSA, NSA !) et qu’en plus votre mot de passe pourrait être découvert par un tiers.

En matière de téléphone portable sûr, Blackberry fait l’unanimité. Ce qui lui vaut d’être encore prisé dans l’univers professionnel. Donc oui, Blackberry Messenger (BBM) est peut-être une application fiable mais à quoi ça sert d’avoir l’application la plus sécurisée si vous n’avez personne avec qui l’utiliser ? D’un autre côté, il se pourrait que les messages échangés avec son BlackBerry par El Chapo avec l’acteur Sean Penn aient contribué à retrouver sa trace et à l’arrêter. Autrement dit, si vous avez tué ou que vous avez en projet de tuer votre patron, ce n’est pas sur BBM qu’il faut en parler.

« On vous assure le chiffrement de bout en bout »

La cryptographie et plus particulièrement le chiffrement de données sont des concepts qu’on épargnait généralement au grand public du fait de leur complexité. Mais depuis peu, c’est devenu un argument de vente. Chacun se vante de proposer l’application la mieux chiffrée. Et l’expression « chiffrement de bout en bout » revient assez souvent. Cela signifie que seul vous et le destinataire de votre message ont accès au contenu de votre message. En pratique c’est beaucoup plus complexe. S’il est évident que les messages écrits peuvent être chiffrés de bout en bout, il faut rester très prudent dans le contexte d’une communication vidéo. Pensez-y lors de votre prochain rendez-vous coquin sur Skype.

Tout le monde l’utilise ne veut pas dire qu’on peut tout y partager

Whatsapp est l’une des applications de messagerie instantanée les plus populaires. Vous y retrouverez sans doute la majorité de vos contacts. De plus l’application semble assurer le fameux chiffrement de bout en bout. En dehors du fait que cette affirmation est discutable, il ne faut pas oublier que le fonctionnement de Whatsapp est associé à votre numéro de téléphone. Ce qui veut dire que l’application peut accéder à votre liste de contacts. De plus, par défaut, quelqu’un qui a accès à votre numéro (via un groupe whatsapp par exemple)  peut accéder à votre photo de profil, votre statut et vos stories. A noter également qu’à défaut d’accéder au contenu de vos conversations, Whatsapp dispose de vos métadonnées (réseaux de contacts, habitudes de discussion…) et peut en faire un usage commercial. Comme d’habitude quand c’est gratuit, c’est vous le produit.

Whatsapp dispose du chiffrement bout en bout ne veut pas dire que c’est le cas pour les autres services de messagerie de Facebook notamment Messenger et la messagerie d’Instagram.

Google quant à lui ne s’embarrasse pas de protocoles. Pour ce qui est de son service de messagerie instantanée Hangout, le chiffrement est effectué seulement pendant le transport. En d’autres termes Google peut accéder à vos discussions sur Hangout.

Google peut accéder à vos discussions sur Hangout
Google peut accéder à vos discussions sur Hangout CC Joe The Goat Farmer via Flickr

Dans la gamme des applications populaires, il y également Telegram qui a peut-être mauvaise presse mais dont le code source est disponible sur Github. Ce qui veut dire qu’on peut effectivement vérifier la qualité de chiffrement qu’offre l’application. Notons quand même que le chiffrement de bout en bout n’est total que lorsque vous êtes en mode secret chat.

Les Play Stores regorgent désormais d’une multitude d’applications de messagerie instantanée, chacune avec ses avantages et inconvénients. Et on ne peut évidemment pas toutes les citer dans un article. Cela dit, il y en a une qui se démarque par l’accent qui est mis sur la sécurité des données de l’utilisateur.

Quelle application de messagerie instantanée vous protège le mieux ?

L’application Signal a gagné en popularité après les scandales de surveillance et d’espionnage des gouvernements avec la collaboration des géants de la tech. Pour mesurer le risque, il faut se rappeler que Facebook (Whatsapp, Instagram, Messenger), Microsoft (Skype) et Apple (Facetime) sont les trois leaders en matière d’application de messagerie instantanée. Ça vaut ce que ça vaut mais Signal est l’application recommandée par Edward Snowden.

 

L’application Signal a gagné en popularité après les scandales de surveillance et d’espionnage des gouvernements CC : Wikimedia Commons

De plus l’application qui est open source fait de la sécurisation des données de l’utilisateur son cheval de bataille. Chiffrement de bout en bout, messages éphémères, pas de sauvegarde par défaut sur un cloud non chiffré… tout a été pensé pour vous permettre d’échanger en ligne en toute sécurité. Mais prenez garde tout de même. Les captures d’écran, ça existe et ça prend moins de 5 secondes !

Comme vous l’aurez remarqué, le choix d’un service de messagerie instantanée dépend de plusieurs facteurs. Plutôt que de choisir l’application la plus sécurisée, il est préférable de faire attention à ce qu’on échange en ligne. Plutôt que de vous reposer sur le chiffrement bout en bout, allez autant que faire se peut à la rencontre des gens et discutez directement. C’est nettement plus agréable.


2G, 3G, 4G, 5G qu’est-ce qui fait la différence ?

Cette année, la 5G est au cœur de tous les débats du Mobile World Congress (MWC). Ce congrès vient d’ouvrir à Barcelone et durera jusqu’au 1er mars. La 5G, on l’attendait pour 2020 mais cette nouvelle technologie fait déjà son entrée dans le monde des télécommunications. En effet, pendant les jeux olympiques de Pyeongchang, l’opérateur coréen KT a testé pour la première fois la 5G qui promet des débits hallucinants. Il faut dire que depuis le 3 avril 1973 où le premier téléphone portable a été décroché jusqu’à nos jours les choses ont bien changé. Il ne s’agit plus de posséder un “cellulaire” mais un smartphone. Parallèlement, on entend les termes 2G, 3G, 4G souvent employés par les acteurs du secteur des télécommunications sans vraiment les comprendre ni les différencier. Aujourd’hui, je vous embarque pour une rétrospective de ces quatre décennies d’évolution des réseaux mobiles. Mais d’abord commençons par le commencement.

La 1G, ça a existé ?

Eh oui, elle a existé ! Mais c’est normal qu’on ne s’en souvienne pas. Ceux qui possédaient un téléphone portable en ces temps là se comptaient facilement et une bonne partie de ceux qui en possèdent aujourd’hui n’étaient pas encore nés. 1G fait référence à la première génération de la technologie de téléphonie sans fil. Elle a été introduite en 1980 et fut achevée au début des années 1990. Voilà à quoi ressemblait un téléphone mobile 1G.

Le premier téléphone sans fil. CC Wikimedia Commons
Le premier téléphone sans fil. CC : Wikimedia Commons

On a surnommé ce téléphone “la botte” à cause de sa forme ou la “brique” à cause de son poids. Il pesait en effet près d’un kilo (783 grammes) et mesurait 22cm de long. Il était vendu au prix de 3995 dollars. Mais voyons le bon côté des choses. Le choix de la couleur était offert entre gris sombre, gris blanc, et blanc clair. On a bien du mal à se l’imaginer et pourtant c’était une véritable innovation.

Outre le terminal, la 1G est caractérisée par un signal analogique, un débit de transmission de 2,4 kbit par seconde, et on ne pouvait passer des appels qu’à l’intérieur d’un même pays. Plusieurs normes ont été définies pour cette génération notamment

  • AMPS (Advanced Mobile Phone System)
  • TACS (Total Access Communication System)
  • ETACS (Extended TACS)
  • NMT (Nordic Mobile Telephone)
  • Hicap – CDPD – Mobitex – DataTac – RC2000 – Comvik…

Bien que coûtant excessivement cher, le téléphone portable a attiré la curiosité d’un grand nombre de personnes. Afin de satisfaire tout le monde, il fallait penser à l’amélioration de la 1G ce qui nous conduit à la 2G.

La 2G ou la génération texto

La seconde génération de réseaux mobiles (2G) a marqué une rupture avec la première grâce au passage de l’analogique vers le numérique. Le signal analogique d’avant était à présent converti en une succession de 0 et de 1 afin de faciliter le transport et le traitement des données et donc un meilleur débit. Ça devenait de plus en plus confortable.

Ce que nous avons le plus apprécié avec la 2G a été sans aucun doute l’apparition du service SMS (Short Message Text). Limités à 80 caractères au début, les mini messages ont favorisé le succès de la 2G. Les modèles de téléphones ont connu une nette amélioration et des formes variées.

Téléphone 2G
Ce que nous avons le plus apprécié avec la 2G a été sans aucun doute l’apparition du service SMS. CC: Aman Firdaus via Flickr

Les principales normes définies pour la 2G sont :

  • GSM (Global System for Mobile communications)
  • CDMA (Code Division Multiple Access)

La 2G a connu un énorme succès et est à l’origine du besoin de téléphoner en tout lieu.

Il a donc fallu proposer de nouveaux services comme le MMS (MultiMedia Messaging Service). Pour ce faire, le débit de 9.6 kbps proposé par le GSM était insuffisant. De nouvelles techniques de modulations et de codages ont été développées pour accroître le débit et les premières connexions IP sont apparues (GPRS, EDGE). Mais face aux besoins du nombre d’utilisateurs sans cesse croissant, il fallait encore innover.

la 3G ou le Haut débit

La technologie 3G a été introduite vers les années 2000. Elle est caractérisée par une compatibilité mondiale, une compatibilité avec les réseaux de seconde génération et un haut débit de transmission à savoir :

  • 144 Kbps avec une couverture totale pour une utilisation mobile
  • 384 Kbps avec une couverture moyenne pour une utilisation piétonne
  • 2 Mbps avec une zone de couverture réduite pour une utilisation fixe

Avec de tels chiffres, on peut faire beaucoup de choses notamment envoyer et recevoir des e-mails, internet haut débit, jeux en ligne… Entre 11s et 1,5mn sont désormais nécessaires pour télécharger un son mp3 de 3 minutes !

Un téléphone 3G
Avec la 3G, nous avons connu une nette amélioration des terminaux mobiles. CC: Brian Solis via Flickr

La principale norme 3G s’appelle UMTS (Universal Mobile Telecommunications System). CDMA2000 est également une norme de téléphonie mobile reconnue, dans sa variante 1x EV-DO, comme de troisième génération (3G) par l’Union internationale des télécommunications (UIT).

Avec la 3G, nous avons connu une nette amélioration des terminaux mobiles aussi bien au niveau du design que de la capacité. On pouvait désormais gérer ses courriels, télécharger de la musique, jouer en ligne et bien sûr téléphoner avec le seul et même appareil. Avec la demande de plus en plus croissante des utilisateurs en termes de débit, la 3G a connu une évolution appelée 3,5G ou 3G+. Mais il nous fallait encore plus, toujours plus.

La 4G vous dit « Welcome to anywhere »

Le successeur de la 3G promet un « très haut débit » c’est-à-dire des débits théoriques supérieurs à 100 Mb/s, un cœur de réseau basé sur IP, de nouveaux terminaux, de nouveaux services principalement la télévision sur le mobile.

Un des tous premiers téléphones 4G. CC : Wikimedia Commons
Un des tous premiers téléphones 4G. CC : Wikimedia Commons

Avec la 4G, plus nécessaire d’enregistrer votre émission favorite quand vous n’êtes pas à la maison. Vous pouvez la regarder ou que vous soyez sur votre téléphone. Du moins c’est ce qui se dit car le réseau 4G est encore en pleine construction sur le continent africain. Mais quelque part dans le monde, certaines personnes pensent déjà à son successeur !

Peut-on encore mieux faire ?

On peut toujours faire mieux. Plusieurs acteurs des télécommunications pensent déjà 5G. Le successeur de la 4G promet des débits de données de l’ordre du gigabit par seconde et allant jusqu’à 10Gbps. Si les chiffres ne vous aident pas a évaluer la puissance de la technologie 5G, retenez qu’a Pyeongchang, on a pu assister à un ballet de 1218 drones synchronisés grâce à la 5G. Il a été possible de suivre en direct plusieurs épreuves sur tablette ou avec un casque de réalité virtuelle. La 5G sera entre autres très utile pour développer l’internet des objets, la télémédecine ou encore les véhicules autonomes.

Alors, concernant cette évolution-révolution, êtes-vous impatient ou plutôt inquiet?


Seneporno ou l’impuissance des autorités sénégalaises face à la cybercriminalité

“Faire du Sénégal le premier hub numérique d’Afrique”

C’est la formule de propagande en vogue au pays de la Teranga depuis quelques années. Mais sous les costumes de soie que l’on revêt pour annoncer cette « bonne nouvelle », derrière les nombreux séminaires et conférences et les généreux buffets qui les accompagnent, il n’y a malheureusement pas assez de ressources pour concrétiser cette belle utopie. Le phénomène Seneporno en est la triste illustration.

Seneporno, un modus operandi des plus abjects

Si on veut faire de Diamniadio Valley la « Silicon Valley » de l’Afrique, si on encourage les jeunes entrepreneurs à mettre en place le x africain, x étant un produit ou service ayant déjà fait ses preuves ailleurs, toute bondieuserie mise à part, on devrait féliciter le promoteur de Seneporno de vouloir mettre en place un site avec du contenu africain. Sauf que l’individu emploie des méthodes plus que douteuses.

N’importe qui peut lui envoyer des photos et vidéos à caractère pornographique moyennant une rémunération. De ce fait, des vidéos ayant été tournées dans un cadre privé se retrouvent sur le site. Pire encore, avant la publication des vidéos, le promoteur du site qui se fait appeler Kocc Barma ne se gêne pas pour harceler ses victimes sur les réseaux sociaux. Sur Snapchat, il affiche les photos, contacts téléphoniques, profils Facebook de celle qui sera la prochaine « vedette » du site. On y voit aussi parfois des captures d’écran de conversations avec elle où il prend un vicieux plaisir à la narguer, convaincu du fait qu’il est inattaquable. Le site comporte également des photomontages dont l’un avec des photos de la première dame du Sénégal.

Pour mesurer la gravité de la situation, il nous faut contextualiser. Si sous d’autres cieux, une sextape peut suffire à rendre célèbre toute une famille, au Sénégal le scénario est tout autre. Dans un pays où un taximan peut refuser de te prendre dans sa voiture simplement parce que tu as de l’alcool sur toi, je vous laisse imaginer les conséquences d’une sextape et la publicité qui l’accompagne. Dire que le phénomène Seneporno détruit des vies est un euphémisme. Les personnes qui ont déjà été exposées et celles qui vivent dans l’angoisse de se retrouver dans la même situation se posent désormais la même question : comment faire pour sortir de ce cauchemar ?

La Commission de protection des données personnelles au secours

Une année d’existence, la publication des vidéos de plusieurs célébrités locales et une trentaine de plaintes plus tard, la Commission de protection des données personnelles (CDP) monte pathétiquement au créneau et se fend d’un pompeux communiqué sur les dérives de Seneporno.

Communiqué de presse publié sur www.cdp.sn
Communiqué de presse publié sur www.cdp.sn Crédit photo: Lucrèce Gandigbe

 

Il est vrai que la situation met en évidence les limites de l’application de la loi d’un pays dans le cyberespace. En effet, dans la mesure où le site n’est pas hébergé au Sénégal, que son promoteur réside au Canada et en possède même la nationalité, il va être particulièrement difficile de fermer le site ou d’arrêter celui qui se présente sous le pseudonyme de Kocc Barma.

Mais fort heureusement, nous avons une commission de protection des données personnelles qui s’est empressée de saisir le premier ministre et de demander au propriétaire du site de « se rendre à la justice » ! Le premier ministre avec encore plus de promptitude n’a pas manqué de s’émouvoir de la situation. La présidente de la CDP s’est récemment exprimée en ces termes : « Nous sommes en train de travailler sur le cas du site. J’avais saisi la dernière fois le premier ministre et je me félicite de sa prompte réaction. Il m’a demandé de voir l’ARTP pour qu’elle saisisse les fournisseurs d’accès à Internet. Nous voulons savoir qui se cache derrière l’adresse IP de ce site et qui lui donne l’accès à Internet au Sénégal. A partir de là, nous interviendrons en lui demandant de se conformer avec la loi. » A titre informatif, la CDP et l’ARTP sont des autorités administratives indépendantes. Ce qui veut dire que pour initier et diligenter une procédure dans une telle situation, il n’y a pas besoin de la bénédiction du premier ministre.

La Commission des données personnelles fait toutefois preuve de pro-activité en organisant une session de formation sur les données personnelles à l’endroit des magistrats. Ainsi, ils seront mieux outillés une fois que Kocc Barma aura la bonté de se rendre. Cela dit, on pourrait commencer par bloquer le site sur le territoire sénégalais même si cette solution n’en est pas vraiment une.

On est bien conscient et reconnaissant des efforts fournis pour construire le fameux hub numérique de l’Afrique, mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Commençons par agir avec un peu plus d’efficacité au sein d’institutions aussi stratégiques que la CDP. C’est bien plus nécessaire que la pose de première pierre pour l’érection de datacenters à Diamniadio. Car en attendant que prenne fin la valse entre les différentes autorités administratives, les vidéos partagées sur Seneporno sont relayées sur les réseaux sociaux et d’autres plateformes en ligne, preuve que la presse à scandale a encore de beaux jours devant elle.

Le 18/02/2018, Seneporno est classé 36 site le plus visité au Sénégal
Le 18/02/2018, Seneporno est classé 36 site le plus visité au Sénégal Crédit photo: Lucrèce Gandigbe

Plus c’est scandaleux, mieux c’est

« Si vous rencontrez des photos indécentes, des fuites, des nus, des sextapes ou des vidéos, envoyez-les nous. Essayez de partager le post pour que vos amis y aient également accès. Ce faisant, cela nous aidera à payer les frais d’hébergement de Seneporno afin que nous puissions toujours vous apporter des secrets cachés et les actions « thiaga » qui se déroule derrière les portes closes. »

Le promoteur de Seneporno l’a bien compris, plus c’est scandaleux, plus il y a de curieux. Le site figure dans le top 50 des sites les plus visités au Sénégal, à la 36e place selon Alexa. Et un visiteur y passe en moyenne 8,35 minutes. Fort de son succès, Kocc Barma prévoit de lancer sous peu un nouveau site d’informations pour « révéler tout ce que la presse n’ose pas dire ». L’odieux modus operandi de Seneporno choque plus d’un. On juge, on s’indigne, on s’offusque, on s’émeut… Et pourtant les photos et vidéos continuent d’être envoyées pour publication. Le site continue à enregistrer un grand nombre de visiteurs. Kocc Barma est de plus en plus suivi sur les réseaux sociaux. Certaines de ses publications suscitent parfois même l’hilarité. Mais la triste réalité, c’est qu’on est bien peu outillé pour lutter contre ces formes d’atteinte à la vie privée et contre la cybercriminalité de façon générale. De ce fait, on est tous un peu en danger !