L’ère Obama sous le signe de la cyberattaque
« Serait-ce le plus grand président de l’histoire des Etats-Unis? Il n’aura pas eu besoin de guerre pour marquer son époque… comme un symbole ! » Tels sont les propos notre politologue brésilien préféré Serge Katembera. Alors qu’il décide de voir le verre à moitié plein, moi je le vois plutôt à moitié vide. Pour ma part, il y a eu des temps de guerre sous le gouvernement Obama, ce sont les armes qui ont changé. En effet, les coups de cyberattaque donnés et reçus par les Etats-Unis ces dernières années ont engendré leur lot de dégâts et de dommages collatéraux.
Le cas de Sony Pictures
En novembre 2014, le célèbre studio hollywoodien a été victime d’un piratage massif de données. De nombreux films pas encore sortis au cinéma ont été rendus publics. La vraie vie privée de quelques stars a été dévoilée, des mails compromettants ont été révélés et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Au total, 11 000 To (11 millions de gigas) de données ont été dérobés. En d’autres termes seule une structure aussi gigantesque que Sony aurait pu survivre à une telle situation. On attribue les raisons de cette cyberattaque à la décision du studio hollywoodien de sortir au cinéma le film « l’interview qui tue ».
L’humour de Seth Rogen et James Franco aux dépens du dirigeant Kim Jong-un n’a pas été très apprécié en Corée du Nord. Le porte-parole du gouvernement nord-coréen avait alors fait savoir qu’ « Un film qui envisage de faire du mal à notre dirigeant est un acte de guerre et de terrorisme qui ne sera absolument pas toléré ». C’est donc sans surprise qu’au lendemain de l’attaque, la piste nord-coréenne a été évoquée. Le piratage suivi de menaces terroristes a dissuadé le studio hollywoodien qui s’est empressé d’annuler la sortie du film au cinéma. « L’interview qui tue » a tout de même été diffusé via d’autres canaux. Même si les preuves établissant la responsabilité de la Corée du Nord ont du mal à être établies, Barack Obama a tenu à clarifier les choses. Sur le sujet, il s’est exprimé en ces termes « Ils ont provoqué beaucoup de dégâts et nous répondrons. Nous répondrons de manière proportionnée et nous répondrons à un moment, à un endroit et d’une manière que nous choisirons ». Depuis cette cyberattaque mémorable, Sony Pictures semble se remettre peu à peu, mais pour l’organisme de gestion des effectifs du gouvernement fédéral (OPM : Office of Personnel Management) les ennuis ne font que commencer.
Une cyberattaque dévastatrice pour le gouvernement fédéral
Faisons l’impasse sur l’attaque perpétrée contre le département d’Etat et la Maison Blanche (attribuée aux Russes cette fois) ainsi que celle qui a permis le piratage des données fiscales de quelque 100 000 citoyens américains. Passons directement à la dernière en date où cette fois les Etats Unis ont reconnu le 4 juin 2015 avoir subi une « cyber-intrusion ». Qu’est-ce qui a été dérobé cette fois ? Des données complètes de pas moins de 4 millions d’employés fédéraux anciens et actuels. Je vous laisse imaginer les conséquences. Très vite, la Chine est pointée du doigt, mais pour Pékin, il s’agit jusque-là d’affirmations gratuites. Une chose est cependant sure, cette cyberattaque compte parmi les plus dommageables à la sécurité nationale américaine.
Au final, il s’agit d’une situation des plus ironiques eu égard aux révélations des lanceurs d’alerte Edward Snowden et Julian Assange. Il existe un adage béninois qui résume très bien la situation. On pourrait le traduire littéralement de la sorte : « Pendant que tu t’abaisses pour regarder les fesses de quelqu’un devant toi, n’oublie pas que les tiennes sont exposées au regard de nombreux autres ». Pour en revenir aux propos de Serge, Barack Obama est très certainement entré dans l’histoire en 2008 en devenant le premier président afro-américain. Cela dit le rêve de Martin Luther King est encore loin d’être une réalité sinon on ne le verrait pas chanter « Amazing grace » aux funérailles des victimes de la tuerie de Charleston. En ce qui concerne la guerre, elle fait partie du mode de fonctionnement des Etats-Unis.
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