Ma semaine sans internet
J’appréhendais beaucoup cette rencontre avec les mondoblogueurs. Et pour cause ! Je m’entends mieux avec les machines qu’avec les hommes. J’écris mieux que je ne parle et même quand je suis là, je ne suis jamais là. Je suis bordélique, je dors très peu et tout ce que j’écoute a été chanté avant 1980. Bon on pourrait continuer cette liste jusqu’à pas d’heure mais je devine que tout ceci ne vous intéresse point. Une chose est sure, je ne savais pas comment j’allais survivre pendant dix jours dans cet environnement multiculturel, sourire, rire, discuter… Mais bon, au pire des cas, il me suffirait de me recroqueviller sur ma machine autant que faire se peut et retrouver mes amis en ligne qui ne me connaissent pas et que je ne connais pas. Toutes ces réflexions se bousculaient dans ma tête avant que je ne rejoigne les blogueurs le samedi 28 novembre. A mon arrivée, accompagnée de Aphtal dont j’avais fait la connaissance la veille autour d’une bonne bière, j’ai été agréablement surprise par la gentillesse des gens. Il faut croire que personne n’avait en projet de « rester dans son coin ». Je me suis retrouvée les bras chargés de cadeaux, du kilichi, des dattes, des bâtons de manioc, des épices, un joli sac, une jolie robe, de jolis tee shirts… Tout ca c’est bien beau mais je ne puis m’empêcher de demander « c’est quoi le code du wifi ici ? ». « Il faut aller à la salle internet pour ca. Dans la cour comme ca, tu ne risques pas de capter grand chose». Bon pas grave, de toute façon je ne loge pas ici. Avec un peu de chance, de l’autre coté, il y aura une meilleure connexion internet.
Dimanche, 1h du matin, c’est l’heure de retrouver mon insomniaque préféré, Serge sur Twitter pour discuter un peu, lui livrer mes premières impressions. C ‘est l’heure de mettre ma play list que je ne peux écouter que seule. Chargement de Youtube… 5 minutes plus tard rien ! Chargement de TweetDeck … rien. Pas de Smartphone pour partager une connexion 3G… Bon pas grave, de toute façon, il est impossible que l’AUF qui nous accueille le temps de la formation ne dispose pas d’une connexion internet qui se respecte. Mais puisque rien n’est impossible, à l’AUF non plus pas de connexion internet qui se respecte. On est à Dakar quand même ! Pas à Cotonou, pas à Lomé, pas à Douala encore moins à Conakry. Serait-ce un grand complot pour nous amener à vivre la fameuse expérience humaine ?
Quand j’ai compris qu’internet ne sera pas de la partie, j’ai mis de côté mes appréhensions, mes préjugés, mes complexes et j’ai passé un moment formidable. Evidemment, dans tous les évènements de ce genre, il y a des ratés mais j’ai choisi de ne partager avec vous que les choses positives.
Il y avait les gentilles jumelles Manon et Melissa, toujours souriantes, très organisées et toujours disponibles.
Il y avait le méchant et le gentil flic. L’un disait « ca va pas le faire… trop ennuyeux… Il faut que tu arrêtes de faire le bébé… pas assez dynamique…», et l’autre tout suite, « on va t’aider pour améliorer ca… ca va être super ». Une chose est sure tous deux avaient le même objectif : nous aider à faire la meilleure production.
Il y avait mon binôme, très sympathique, un peu beau parleur et très attentionné.
Il y avait les trajets dans le bus. Chaque jour un voisin différent, des conversations différentes et des manières de faire différentes. J’ai eu droit à de la musique « moderne », des pincements aux joues, une épaule pour dormir, un coup de poing dans le nez et que sais-je encore.
Il y avait les mondoblogirls, très gentilles également, beaucoup plus studieuses, et moins exubérantes.
Il y avait les soirées. A croire qu’il y avait une équipe chargée de veiller à ce que personne ne passe sa soirée seul. On venait frapper à ta porte. « Une bière ca te dit ? » Lundi… non merci Mardi… non merci. Mercredi… Ok mais à l’auberge. Pas chez la congolaise. Jeudi… ok allons voir du coté du khorbi… Vendredi… A la calebasse puis au castel. Je me suis surprise à danser la salsa.(Je crois qu’après ca je vais m’inscrire à un cours de danse). Finalement la formation du soir était plus intéressante que celle de la journée. Et il faut croire que les uns et les autres sont très inspirés après une soirée arrosée.
Il y avait les photographes. Pas moins de 22 Go de photos déclarés ! Toutes les occasions étaient bonnes.
Il y avait aussi Jeff, aussi humble que talentueux.
Mais mon plus beau souvenir de cette rencontre a été pendant l’atelier radio que beaucoup ont déserté, quand j’ai chanté avec mon frère Koudjo, « il est gai de voguer sur le lac ahémé » du gentleman Vickey. En l’espace de quelques secondes, je me suis retrouvée dans mon enfance, en compagnie de mon amour, à une époque où la vie était rose et le ciel bleu.
Il y a eu des petits moments très agréables, en compagnie de personnes exceptionnelles qui m’ont fait oublier que j’avais une autre vie en ligne. La formation s’est achevée, je suis rentrée, il y avait internet, mais le réveil a été difficile, la chaleur humaine m’a manqué, les jolis compliments (sur mon blog) aussi. J’étais remplie de nostalgie, un brin de tristesse puis je me suis souvenue. Dieretou est encore là, Aphtal aussi et tous les mondoblogueurs de Dakar. Et maintenant que j’ai de la famille un peu partout dans le monde, il n’y a pas de raison que je n’aille pas dire bonjour au détour d’un voyage.
Au final, je crois bien que je peux vivre sans internet.
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