Mobile money : une réelle innovation pour l’Afrique
On ne jure plus que par la monnaie mobile en Afrique. Dans une région du monde où le taux de bancarisation est des plus faibles, les opérateurs de télécommunications ont su convaincre leurs abonnés d’adopter un service « rapide et efficace ». Initié depuis quelques années, le mobile money connait un véritable essor en 2013 et 2014 et depuis le nombre d’utilisateurs ne cesse d’augmenter. Au départ, il était question de recevoir et d’envoyer de l’argent via son mobile. Aujourd’hui les offres sont plus étendues et varient d’un opérateur à un autre. Le succès du service est tel que les banques se positionnent désormais comme concurrentes aux opérateurs télécom en proposant des services similaires. Intéressons-nous le temps d’un billet aux ingrédients de cette recette à succès.
Pourquoi un tel engouement ?
On compte aujourd’hui un grand nombre de services de mobile money en Afrique, le premier et le plus célèbre étant M-Pesa de l’opérateur kenyan Safaricom (filiale du britannique Vodafone). Depuis, Orange, MTN, Airtel, Zain et de nombreux autres lui ont emboîté le pas. Si le service convainc et continue d’intéresser c’est bien parce qu’il a su allier simplicité, accessibilité et faibles coûts. Pas besoin d’être instruit pour utiliser un service de mobile money. Par ailleurs les « agents mobile money » sont aussi nombreux que les vendeurs de carte de recharge téléphonique. Et il ne s’agit pas monsieur propre en costume et cravate mais de personnes que l’on côtoie tous les jours et qui sont formés par l’opérateur dans le but d’uniformiser le service. Il faut remarquer également que pour le système de l’opérateur l’agent et le client ont des profils similaires à la différence que le premier dispose de plafonds de dépôt et de transfert plus élevés que le second. Un autre facteur de croissance du mobile money : l’accessibilité à tous les mobiles. En effet, dans les pays développés les systèmes de paiement mobile sont de plus en plus innovants. Tel est l’exemple de Nymi qui utilise le rythme cardiaque comme passe ou encore Quixter qui scanne les veines de la main. Si le taux de pénétration du mobile en Afrique est en constante évolution, le smartphone et les gadgets électroniques demeurent un luxe pour beaucoup. Puisque les services de mobile money proposés ne nécessitent pas l’utilisation d’une application autre que le service de messagerie de base, le terminal de l’utilisateur ne constitue pas un obstacle. Vu l’intérêt des africains pour un tel service, on serait tentés de croire à une hausse du taux de bancarisation sur le continent.
Vers une hausse du taux de bancarisation en Afrique ?
Le mobile money se positionne désormais comme un facilitateur d’échanges d’argent et non soumis à toutes les contraintes d’un établissement bancaire. Il est désormais possible de joindre à son compte mobile money dans certains pays un compte bancaire via son téléphone portable. Une initiative à laquelle les utilisateurs de plus en plus nombreux sont de plus en plus réceptifs. Cela dit les banques et les opérateurs de télécommunications ne semblent pas y voir un atout mais plutôt une pomme de discorde. Les uns s’interrogent sur les enjeux réels de tels services et les autres sur les possibilités d’autonomisation car la gestion des fonds des systèmes mobile money est encore (et fort heureusement) effectuée par les banques. Dans le cas du Kenya par exemple, l’entente banque centrale – opérateur mobile est plus évidente puisqu’il s’agit d’un seul état et d’une seule banque centrale. Le succès est tel que le Kenya se positionne en 2015 comme 4eme du classement MasterCard des pays utilisateurs de services mobile money derrière le Singapour, le Canada et les Etats unis. Dans la zone CFA, malgré un système bancaire beaucoup plus hiérarchisée et donc plus complexe, on peut dire que les choses évoluent significativement. Mais il faut remarquer qu’on est loin d’observer une réelle interopérabilité des banques et opérateurs de télécommunications (même au Kenya) qui aboutirait à une hausse du taux de bancarisation en Afrique.
L’essor que connait le mobile money en Afrique est pour le moins fulgurant. Il ne s’agit pas d’une simple innovation technologique mais d’une réelle innovation qui pourrait solutionner un grand nombre de problèmes dans de nombreux domaines. Ce que l’association mondiale des opérateurs télécoms (GSMA) qualifie de « services financiers mobiles pour les populations non bancarisées » compte plus de 100millions d’abonnés (seulement en décembre 2014). Ce chiffre montre à quel point le champ des possibilités est vaste.
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